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Issue
J. Phys. IV France
Volume 122, December 2004
Page(s) 3 - 20
DOI https://doi.org/10.1051/jp4:2004122001


J. Phys. IV France 122 (2004) 3-20

DOI: 10.1051/jp4:2004122001

Historique en grandes enjambées de la thermodynamique de l'équilibre

J. Hertz

Professeur Honoraire, Fondateur du Laboratoire de Thermodynamique Métallurgique, Université Henri Poincaré- Nancy I. Laboratoire de Chimie du Solide Minéral-UMR 7555 BP. 239, 54506 Vandoeuvre les Nancy Cedex, France


Résumé
La Thermodynamique, une science totalement nouvelle au XIXème siècle, a germé en France en contrepoint des idées du siècle des Lumières, dans le milieu particulier des anciens élèves de l'Ecole Polytechnique, officiers supérieurs formés pour l'armée républicaine ou napoléonienne, mais qui ne trouvaient plus leur place dans l'armée de la Restauration. Ils se convertissaient en ingénieurs civils des métiers industriels en pleine expansion, comme le développement de la machine à vapeur ou des chemins de fer. La plupart d'entre eux, plutôt libre-penseurs, adhéraient aux idées scientistes du « positivisme », véhiculées dans les Loges de la Franc-Maçonnerie du Grand Orient de France et plus particulièrement dans les cercles Saint-Simoniens, premiers adeptes du socialisme industriel. C'est ainsi que naquit en 1824, dans le cerveau subtil mais brouillon de Sadi Carnot toute la vision illuminée de cette science nouvelle, incompréhensible pour ses contemporains. Elle ressuscita en 1834 sous la plume d'un Emile Clapeyron qui avait pris conscience de l'immensité de l'oeuvre de Sadi Carnot. Mais le rappel de Clapeyron demeura également sans écho pendant dix années. Le réveil de la Thermodynamique se fera désormais hors de France par des hommes de grande pratique religieuse et généralement protestants. C'est ainsi que William Thomson en Ecosse et Rudolph Clausius, venu de Prusse, achevèrent l'oeuvre de leurs deux prédécesseurs et que la Thermodynamique mécano-thermique fut définitivement établie en 1864. La thermodynamique chimique peut être attribuée à un seul génie mathématicien, Josiah Willard Gibbs qui travaillait tout seul au Yale College de New-Haven, dans le Connecticut, et rédigea sa nouvelle théorie entre 1875 et 1878. Enfin l'interprétation statistique du second principe sera l'oeuvre en 1877 d'un Autrichien, Ludwig Boltzmann, homme génial mais fragile qui eut le temps d'insuffler ses idées sur la quantification de l'énergie à l'Allemand Max Planck, premier prix Nobel de la nouvelle discipline.



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